Vous êtes ici

Chirurgie bariatrique abaisse du tiers risque cardiovasculaire

Jeudi, 6 février 2014
La chirurgie bariatrique abaisse de plus du tiers le risque cardiovasculaire des personnes souffrant d'obésité morbide

L'étude parue dans Metabolism est signée par Marie-Ève Piché, Julie Martin, Katherine Cianflone (CRIUCPQ), Marjorie Bastien, Simon Marceau (CRIUCPQ), Simon Biron (CRIUCPQ), Frédéric-Simon Hould (CRIUCPQ) et Paul Poirier (CRIUCPQ)

« L'intervention chirurgicale qui permet aux obèses morbides de perdre beaucoup de poids en peu de temps ne fait pas sentir ses effets uniquement sur la balance. Elle abaisse le risque de maladie cardiovasculaire de plus du tiers, rapporte une équipe du Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ) dans un récent numéro de la revue Metabolism.

Les chercheurs ont suivi pendant 12 mois un groupe de 73 personnes qui ont subi une chirurgie bariatrique à l'IUCPQ. Cette intervention, perfectionnée par des professeurs de la Faculté de médecine qui travaillent dans cet institut, comporte deux volets. D'une part, l'ablation d'une partie de l'estomac réduit la quantité d'aliments que le patient peut consommer. D'autre part, la dérivation des enzymes digestives produites par le foie et le pancréas réduit l'assimilation de la nourriture. Comme les aliments et les enzymes digestives entrent en contact plus loin dans l'intestin, à peine 30% des calories ingérées sont assimilées par l'organisme. Résultat de cette double stratégie: les patients absorbent environ deux fois moins de calories après leur opération.

En un an, les participants de l'étude ont perdu 52 kilos, dont 43 kilos de masse adipeuse. Leur indice de masse corporelle (IMC), qui était de 50, a chuté à 31. Ces changements se sont répercutés sur les différents indicateurs de santé métabolique. Le taux de glucose sanguin, la résistance à l'insuline, le profil des lipides sanguins, la pression artérielle et les indices d'inflammation ont tous connu une embellie. Selon les calculs des chercheurs, le risque de maladie cardiovasculaire sur un horizon de 10 ans a ainsi diminué de 43% pour les femmes et de 33% pour les hommes. «Aucune pilule ne permet d'obtenir de tels résultats», souligne le responsable de l'étude, Paul Poirier, cardiologue et professeur à la Faculté de pharmacie.

Chaque année, environ 500 personnes subissent une chirurgie bariatrique à l'IUCPQ. La liste d'attente compte plus de 1000 noms et préséance est donnée aux cas les plus graves qui présentent de bons pronostics de succès. Le système de santé devrait-il allouer davantage de fonds à cette chirurgie? «Si on considère les coûts engendrés par les personnes qui souffrent d'obésité morbide, le montant de l'intervention (environ 8 000$) est couvert en trois ans», fait valoir le professeur Poirier.

Depuis 10 ans, le nombre de chirurgies bariatriques pratiquées à l'IUCPQ a doublé, mais le pourcentage d'obèses morbides dans la population est aussi en hausse. «Il ne s'agit pas de créer une machine de guerre pour opérer tout le monde très rapidement, mais je crois que le système de santé gagnerait à investir davantage en chirurgie bariatrique», estime le cardiologue.»

Source : Le fil - Le journal de la communauté universitaire, Université Laval, Vol. 49, Numéro 19, 6 février 2014, p.10.