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Le diabète de grossesse est annonciateur de problèmes métaboliques tenaces

Mardi, 20 janvier 2015
Le diabète de grossesse est annonciateur de problèmes métaboliques tenaces
Un des auteurs, le Dr André Tchernof, est chercheur au Centre de recherche de l'IUCPQ.

Les femmes qui ont souffert de diabète de grossesse courent un risque accru d'avoir des problèmes métaboliques ultérieurement, et ce, même si elles ont un poids normal. C'est ce que rapportent des chercheurs de l'École de nutrition et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels dans un récent numéro de la revue Obesity.

Le diabète de grossesse est une forme d'intolérance au glucose qui apparaît pendant la grossesse chez des femmes qui ne souffraient pas de problèmes de glycémie auparavant. «Lors d'une grossesse normale, il y a une diminution de la sensibilité à l'insuline chez la femme, ce qui permet d'assurer le transport du glucose vers le foetus, signale la responsable de l'étude, Julie Robitaille. Le corps de la mère étant moins sensible à l'insuline, la sécrétion d'insuline augmente pour pallier ce changement. Par contre, chez environ 4% des femmes, l'organisme ne parvient pas à produire assez d'insuline pour s'adapter.»

Les répercussions de ce dérèglement sont multiples. Le bébé a un poids élevé pour son âge gestationnel, ce qui rend l'accouchement plus difficile. De plus, il court plus de risques de souffrir d'hypoglycémie et de jaunisse. Du côté de la mère, elle est plus susceptible de développer un diabète de type 2 dans les années qui suivent. «Nous avons voulu savoir si cette situation était liée à l'obésité de la mère ou au fait d'avoir eu un diabète de grossesse», explique la professeure Robitaille.

Pour répondre à cette question, les chercheurs ont recruté, quatre années après leur accouchement, 216 femmes qui avaient eu un diabète de grossesse et 83 femmes sans diabète de grossesse. Chaque participante a été soumise à un test de tolérance au glucose. «Nos résultats révèlent des taux de glucose plus élevés et des taux d'insuline plus bas chez les femmes qui avaient eu un diabète de grossesse. Ceci est vrai même pour les femmes dont l'indice de masse corporelle est normal», précise la chercheuse. Ces dernières ont tendance à accumuler des graisses au niveau de l'abdomen, une caractéristique qui est liée à une détérioration de la santé métabolique.

«Le message qu'il faut retenir est que toutes les femmes qui ont eu un diabète de grossesse, quel que soit leur indice de masse corporelle, sont plus à risque d'avoir des problèmes glycémiques par la suite. Pendant la grossesse, leur condition fait l'objet d'un suivi médical étroit, mais, après l'accouchement, elles sont laissées à elles-mêmes», déplore la chercheuse. Les médecins devraient donc porter une attention particulière à la glycémie de ces patientes, même si leur poids ne laisse présager aucun problème. «Ils devraient aussi leur rappeler l'importance d'une alimentation saine, de l'activité physique et de l'allaitement dans la prévention du diabète de type 2», ajoute-t-elle.

L'étude publiée dans la revue Obesity est signée par Jessica Vigneault, Simone Lemieux, Véronique Garneau, Stanley John Weisnagel, André Tchernof et Julie Robitaille.

Source : Le fil des événements, Université Laval.