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Pilules contre le cholestérol: une « fausse sécurité », selon Dr Paul Poirier

Lundi, 19 janvier 2015
Pilules contre le cholestérol: une « fausse sécurité », selon Dr Paul Poirier
Paul Poirier, cardiologue à l'IUCPQ Photo: Le Soleil
«Il n'y a pas une médication qui vaut l'exercice et une alimentation adéquate», croit le Dr Paul Poirier, responsable du Pavillon de prévention des maladies cardiaques à l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

(Québec) Certains les appellent les pilules pour manger mal. Pour le Dr Paul Poirier, cardiologue, ces médicaments comme le Crestor ou le Lipitor pour baisser le cholestérol pourraient réserver de mauvaises, voire de tragiques surprises.

«Les gens qui vont prendre ces pilules en se disant qu'ils sont capables de manger des cochonneries parce que les pilules s'en occupent et qu'ils pourront éviter un infarctus, c'est faux. C'est une fausse sécurité», a affirmé sans détour, au cours d'une entrevue au Soleil, le responsable du Pavillon de prévention des maladies cardiaques à l'Hôpital Laval ou l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.

Les pilules ou statines permettent de diminuer de 25 % les risques d'un nouvel infarctus ou d'un nouvel accident cérébrovasculaire (ACV). «Donc, il y a 75 % des gens qui vont ravoir un événement malgré qu'ils soient sous médication. Le médicament n'est pas une panacée. Ce n'est pas une pilule miracle», a souligné le Dr Poirier.

En prévention primaire, soit pour les personnes qui n'ont pas eu de problème cardiaque, mais dont le taux de cholestérol est élevé, la protection que procure la pilule est encore moins élevée. «Chez les femmes en prévention primaire, c'est loin d'être prouvé que la pilule diminue les risques. À l'inverse, le médicament peut causer un diabète chez 7 % d'entre elles», a dit le cardiologue.

Impression trompeuse

Le Dr Poirier en a contre l'impression trompeuse des messages des compagnies pharmaceutiques sur les avantages des pilules contre le cholestérol. «J'en ai contre le lobby des pharmaceutiques qui disent aux gens de prendre des pilules, que ça va sauver leur vie. Si on mettait le même argent en marketing, en publicité, pour que les gens mangent comme il faut et fassent de l'exercice, on réussirait à améliorer la santé de plusieurs personnes, mais ce n'est pas ce qui se passe», a-t-il déploré.

Source : Le Soleil - 18 janvier 2015